2016 | CHINE
Réputée pour sa beauté et la diversité de ses paysages et des villages traversés, la ligne à grande vitesse, Shanghai-Kunming s’étire sur 2 260 kilomètres d’est en ouest. Du delta du Yangtsé aux plateaux du Yunnan et du Guizhou, elle traverse six provinces, des causses immenses et ondulés, de grands lacs, et se fond dans un univers de hautes montagnes. Reliant en douze heures la mégalopole, Shanghai, et la ville millénaire, cette ligne à grande vitesse, achevée en 2016, facilite les échanges économiques entre les régions orientales, centrales et occidentales de la Chine. Elle désenclave certaines zones montagneuses reculées, permettant aux populations isolées, celles des monts Wuling et Liupan en particulier, de se rapprocher des villes.
Icône du dynamisme chinois, la plus grande métropole de Chine est aussi la plus moderne. Bordée par la mer de Chine orientale, Shanghai, qui signifie « sur la mer », est le premier port mondial de conteneurs et le centre financier de l’Asie. C’est aussi la cité des sciences, des technologies, du commerce et de l’information. Shanghai est la ville du spectaculaire : le ciel de Pudong, sur la rive opposée au Bund, accueille près d’un quart des plus hauts gratte-ciel du monde. La consommation y est frénétique à en juger par le gigantisme des centres commerciaux climatisés, mais Shanghai préserve aussi sa culture traditionnelle. En tête des villes chinoises en matière de mode et de design, elle est très avant-gardiste en matière culturelle, regorgeant d’opéras, de théâtres, de musées et de salles de concert.
Parmi les lieux emblématiques de la métropole : le jardin Yuyuan, considéré comme l’un des plus célèbres jardins du XVIe siècle, et l’ancien temple Jing, entouré de gratte-ciel, qui veille paisiblement sur la ville. Le voyage Shanghai-Kunming débute à la gare de Shanghai-Hongqiao, dans le quartier de Minhang. C’est l’un des plus importants terminaux de passagers de Chine.
La première section Shanghai-Hangzhou de la ligne à grande vitesse reliant Shanghai à l’est et Kunming à l’ouest a été mise en service en 2010 et la deuxième, entre Hangzhou et Changsha, en 2014. La dernière partie, Changsha–Kunming, a été réalisée en trois tronçons successifs entre 2015 et 2016. Les 2 260 kilomètres de la ligne ont raccourci le temps de trajet entre Shanghai et Kunming de trente-quatre à douze heures. La vitesse commerciale est de 300 km/h, avec des pointes maximales de 350 km/h.
Après son départ de Shanghai, le train passe à Jiaxing, ville de la province du Zhejiang, considérée comme une terre d’abondance, avec ses rizières et ses plantations de thé. Le lac du Sud, entouré de parcs verdoyants, est une des attractions de la ville, tout comme, à proximité, les pittoresques villes côtières de Wuzhen et Xitang, construites autour de canaux. Le train s’arrête à Hangzhou, capitale de la région. Surnommée « le paradis sur terre », elle est connue pour avoir été l’une des sept anciennes capitales de la Chine. La cité historique est bâtie au bord du mythique lac de l’Ouest, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2011. Dix lieux panoramiques, paysages idéalisés et légendaires, y ont été institués, tels que « La lune d’automne sur le lac apaisé » – d’où l’on peut admirer la pleine lune en automne -, « Les traces de neige sur le pont brisé » ou
« Les reflets du soleil couchant sur la pagode de Leifeng ». Toujours dans le Zhejiang, Jinhua est réputée pour abriter les plus grands studios de cinéma du monde, le Hengdian World Studios. On y fabrique également un fameux jambon. Le train entre dans la province du Jiangxi. Les champs de colza jaune vif au printemps alternent avec les plantations de thé vert et de charmants villages, sur fond de cimes altières. Dans la capitale provinciale, Nanchang, le pavillon Tengwang est l’une des plus anciennes constructions chinoises. Arrêt du train à Changsha, capitale du Hunan, qui déroule son histoire depuis trois mille ans et préserve une cuisine réputée : la tête de poisson fumée au piment rouge, ainsi que l’appétissant tofu frit font partie des recettes de prédilection du Hunan. Le train poursuit sa route vers la province de Guizhou où vivent de nombreuses minorités ethniques. Dans le chef-lieu de Taijiang, les Miao constituent 93 % de la population. On y trouve une broderie fine particulière, et de magnifiques bijoux en argent. Guiyang, la capitale du Guizhou, bénéficie d’un climat agréable. En hiver, les visiteurs peuvent prendre un bain dans les sources chaudes de Xifeng. En été, ils peuvent visiter Tianhe Pond, avec ses piscines naturelles et ses cascades, ainsi que les gorges du Nanjiang, creusées dans un paysage karstique entrecoupé de belles chutes d’eau. Anshun est une des destinations les plus intéressantes du Guizhou pour ses paysages naturels environnants. À 40 kilomètres au sud, grondent les chutes d’eau de Huangguoshu, tandis qu’à quelque trente kilomètres surgissent les fameuses grottes du Palais du dragon. À bord d’une barque, les visiteurs peuvent naviguer sur une immense rivière souterraine, qui traverse une enfilade de grottes. L’arrivée à Kunming offre un aperçu des premiers paysages du Yunnan, dont elle est la capitale.
mouvementé des plateaux du centre et de l’ouest du pays, la ligne Shanghai-Kunming a nécessité de très nombreux tunnels et ponts. Situé à Jinhua, dans la province du Zhejiang, le pont de Jinhuajiang (11,4 kilomètres) franchit la rivière éponyme. Il comporte une partie aérienne et des structures qui s’enfoncent profondément sous l’eau. Techniquement très difficile à réaliser, il a remporté en 2016-2017 le prix China Construction Engineering Luban Prize, la plus haute distinction chinoise dans ce secteur. Avec une longueur totale de 721,25 mètres, le pont Beipanjiang enjambant la rivière Beipan est situé non loin d’Anshun, dans la province du Guizhou. La structure de son tablier en arc renforcé de béton a nécessité six ans de construction pour une traversée en train à grande vitesse de huit secondes.
La section de ligne entre Guiyang et Kunming a été un défi pour les
constructeurs, compte tenu des conditions géologiques complexes et souvent
défavorables, telles que des zones karstiques, des glissements de
terrain, des grottes et des rivières souterraines. Le tunnel du Bibanpo en
est un bel exemple. Avec ses 14,756 kilomètres, il est le plus long tunnel
édifié sur une ligne à grande vitesse chinoise. Ses deux tubes parallèles
sont dédiés chacun à un sens de circulation. La présence d’eau souterraine
sous pression, de failles et d’alternance de zones plus ou moins meubles a
contraint les ingénieurs à résoudre des problèmes techniques considérables
et à adopter un modèle de construction unique en Chine pour une
ligne à grande vitesse.
La ligne est protégée par des murs anti-bruit dans les zones densément
peuplées, et des barrières « anti-éblouissement » empêchent les phares
des trains d’éblouir les conducteurs de voiture lorsque la voie longe
l’auto route. Un effort particulier a été fait pour valoriser l’environnement
– plantation d’arbres et de végétaux – et intégrer les particularités locales
dans le design des gares traversées.
Le système ferroviaire chinois permet de répondre rapidement aux situations d’urgence et d’anticiper les opérations de secours. Il relie entre eux les autorités locales, les forces armées, les services médicaux, les pompiers, la sécurité civile et les entreprises concernées. Ce système de communication d’urgence permet la transmission en temps réel des images et des messages vocaux entre le centre de commandement et les lieux du sinistre. À tout moment les services ferroviaires disposent de moyens techniques, matériels et humains pour mettre en place des solutions rapides et coordonnées.
Le réseau des lignes à grande vitesse est bien géré grâce à un personnel formé à la sécurité. Des formations dédiées à la grande vitesse préparent les salariés aux technologies avancées, à la prévention des risques et aux interventions d’urgence. La formation grande vitesse comporte trois niveaux d’enseignement et d’entraînement.
La Chine a mis en place un système très complet pour la gestion de la sécurité sur les lignes à grande vitesse. Déjà, en 1990, une loi sur la sécurité du rail était parue, la première en son genre. Revue en 2015, cette loi précise les modalités d’application des règles de sécurité aux lignes à grande vitesse dans tous les domaines : construction, conception, exécution et maintenance. Les ouvrages d’art tels que les ponts et les tunnels sont prévus pour durer cent ans. Les voies sans ballast, les drainages des fondations et les protections des talus ont une durée de vie estimée à soixante ans. Le système de contrôle opérationnel (TCS) organise la gestion automatique des trains. Des protocoles ont été mis en place pour contrôler les rames à différentes vitesses.
Tous les matins, un train d’inspection examine les voies avant le passage du premier train de voyageurs afin de vérifier le bon état de l’infrastructure. Un train de contrôle approfondi, surnommé « Doctor Yellow » en raison de sa livrée jaune, est envoyé tous les dix jours pour ausculter les équipements de la ligne. Ce train effectue un contrôle automatique des voies, des systèmes de signalisation et de communication, des pantographes, des lignes aériennes et des liaisons bogies-rail. Les opérations de maintenance des voies et des équipements sont effectuées durant la nuit pour ne pas perturber le trafic. Par ailleurs, les transports ferroviaires chinois ont développé un service de gestion des catastrophes naturelles. Des capteurs installés près des voies détectent le moindre obstacle et permettent de prendre les mesures de sécurité appropriées en fonction des indications fournies.
→ Des trains à grande vitesse en gare de Nanchang-Ouest.
Terminus de la ligne, la gare du sud de Kunming est située dans le quartier de Chenggong. L’immense édifice comportant 16 quais et 30 voies est un véritable hub. La ligne à grande vitesse est reliée au réseau ferroviaire clasique, au métro, au bus et aux taxis. C’est un élément clé du projet Belt and Road Initiative, qui représentera dans le futur une porte d’entrée vers l’Asie du Sud-Est. Kunming, surnommée « la cité du printemps éternel », bénéficie d’un climat agréable. Encerclée de montagnes sur trois côtés, elle est bâtie sur les bords du lac Dian Chi. Comptant parmi les dix destinations les plus populaires en Chine, la ville abrite un grand nombre de sites touristiques.
Parmi ceux-ci, le Parc du lac vert, dont les pommiers sauvages se couvrent de fleurs au printemps, la forêt de pierre de Shilin, les monts de l’ouest de Kunming, creusés à flancs de falaise pour permettre la construction de temples. On ne manquera pas la spécialité locale : la soupe aux nouilles de riz, appelée en Chine « Guoqiao Mixian ».
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