2009 | RUSSIE
Saint-Pétersbourg et Moscou, capitales historiques, sont les étapes incontournables d’un voyage en Russie. La première, avec ses palais aux couleurs pastel entrecoupés de canaux, est la ville des tsars, de la culture et des arts ; la seconde, avec ses larges avenues, ses dômes multicolores et ses gratte-ciel, est le centre d’affaires du pays, une mégapole en constante métamorphose. À elles deux, elles abritent 18 % de la population et représentent 30 % du PNB national. En 2009, le Sapsan les a rapprochées. Ce train à grande vitesse parcourt les 644 kilomètres qui les séparent en moins de quatre heures. Depuis, les chemins de fer russes poursuivent un programme de modernisation des infrastructures et du réseau, dont bénéficieront les voyageurs mais aussi le fret.
Avec ses quatre millions de visiteurs étrangers chaque année, la ville joue la carte du tourisme. La « folie » de Pierre le Grand, dont il fit sa capitale en 1703, a tout pour plaire. Organisée autour d’un dense réseau de canaux et de rivières, fière de son fleuve imposant, la Neva, la ville dévoile un patrimoine d’une élégance rare aux multiples influences. Palais néo-classiques et monastères baroques côtoient des édifices Art nouveau ou de style soviétique. Parmi ses joyaux, on ne peut manquer le magnifique Palais d’hiver couleur vert menthe, qui abrite une partie des fabuleuses collections d‘art du musée de l’Ermitage. Capitale impériale dans l’âme, Saint-Pétersbourg a servi de toile de fond aux nombreux romans de Dostoïevski.
Ballets, concerts, opéras… les arts du spectacle font sa renommée, notamment lors du solstice d’été et du Festival des nuits blanches, durant lequel des films sont projetés sur les ponts levés de la Neva. La ville propose aussi aux visiteurs ses banya, bains de vapeur chaude, et ses ateliers de matriochka, célèbres poupées russes. À l’extrémité de l’artère commerçante Nevskiprospekt, bordée d’édifices aux styles architecturaux très variés, s’élève la gare de Moscou (Moskovski), située sur la place Vosstanïïa. De ses quais partent les Sapsan pour Moscou. Édifiée en 1851 sur les plans de l’architecte Constantin Thon et agrandie en 1967, la gare arbore une façade de style Renaissance italienne aux nuances ocre jaune. Lustres, fresques au plafond, moulures et colonnes donnent le ton. Dans le hall d’attente, trône un buste de Pierre le Grand.
L’axe ferroviaire Saint-Pétersbourg-Moscou, qui totalise 644 kilomètres, est la plus ancienne ligne de Russie. Deux voies sont construites en 1851, grâce à la volonté de l’empereur Nicolas Ier qui en a défini lui-même le tracé. Leur construction a duré dix ans et a requis le labeur de huit cent mille travailleurs. Cette année-là, le premier train fonctionnant au charbon part donc vers Moscou. Les signaux sont émis à l’aide de cloches, de sifflets et de drapeaux. C’est l’époque des samovars qui sifflent dans les voitures et des marchepieds recouverts de glace en hiver. Il faut alors une journée pour parcourir la distance entre les deux villes. En 1951, le premier train diesel est mis en service et en 1962, la ligne est électrifiée. Les voies sont renforcées, un nouveau système de signalisation est mis en place. Les trains font le trajet en cinq heures, à 130 km/h, puis en 1984, en quatre heures, avec la mise en service du train rapide ER 200. Au début des années 2000, les infrastructures sont entièrement modernisées pour la mise en exploitation en 2009 du premier train à grande vitesse Sapsan. Saint-Pétersbourg et Moscou sont aujourd’hui reliés en trois heures trente.
Un voyage en Sapsan est une fenêtre ouverte sur l’immensité russe. Quittant Saint-Pétersbourg et sa banlieue par le sud-est, le train traverse des forêts de bouleaux et de sapins formant une véritable barrière de verdure. Quelques champs, des étendues d’herbes sauvages, des villages typiques aux maisons en bois à deux pans, des isbas traditionnelles isolées, des étangs, un lac… le confort du train tranche avec cette nature un peu austère. C’est encore plus vrai en hiver, lorsque le paysage entraperçu n’offre qu’une vision figée en noir et blanc, entre forêts enneigées et rivières gelées. La ligne passe non loin de Veliky Novgorod, ville au riche héritage culturel, où les habitants de Saint-Pétersbourg aiment passer le week-end. Son centre est occupé par un kremlin entouré d’un parc boisé.
De là, une passerelle enjambe le Volkhov et mène à l’ancien quartier du marché. Les admirateurs de Dostoïevski se rendront à Staraïa Roussa, à quelques kilomètres de la cité. Ce village, où l’auteur passa plusieurs étés, sert de toile de fond à l’histoire des Frères Karamazov. Tver, autre arrêt du Sapsan, invite à la flânerie le long des berges de la Volga. Entre Tver et Moscou, le train roule sur une bande de terre entourée d’une vaste étendue d’eau bordée d’arbres. Moscou se signale par le nombre de voies ferrées qui se multiplient pour permettre le passage d’un grand nombre de trains de voyageurs et de marchandises.
Le tracé d’origine permettant la mise en circulation des trains à grande vitesse, aucune ligne nouvelle n’a été construite. En revanche, les voies ont été entièrement modernisées. Leur construction à la fin du XIXe siècle a été extrêmement complexe d’un point de vue technologique pour l’époque. Bâtie en partie sur des marais et franchissant plusieurs rivières, la ligne a nécessité la réalisation de nombreux ouvrages d’art, dont 200 ponts, 69 tunnels et 19 viaducs. Un grand nombre de ces constructions ont été adaptées pour permettre d’augmenter la vitesse des rames. Les travaux n’ont jamais interrompu le trafic, très important entre les deux grandes agglomérations russes. Les viaducs sont équipés de passages piétons et de caméras de vidéosurveillance. Plus de 1 000 kilomètres de clôtures ont été installés afin de protéger les voies dans les deux sens. Par sécurité, les passages à niveau sont des exceptions.
→ Le Sapsan sur la ligne Moscou-Saint-Pétersbourg.
Mis en service en même temps que la ligne à grande vitesse
Saint-Pétersbourg-Moscou, le Sapsan, aux courbes aérodynamiques,
assure la liaison plusieurs fois par jour entre les
deux villes en trois heures trente. En livrée blanche surlignée
de bleu et de rouge, le Sapsan – qui signifie « faucon
pèlerin » – tire son nom de son museau profilé. La marque,
accompagnée de son logo, est présente en rouge vif sur
toutes les rames. Les Sapsan sont des Velaro RUS, conçus
par Siemens en partenariat avec les chemins de fer russes
(RZD). Ce partenariat inclut aussi trente ans de maintenance
et de transfert de savoir-faire. Les rames peuvent rouler
jusqu’à 250 km/h à des températures susceptibles d’atteindre
– 40 °C. Dérivées des trains à grande vitesse allemands
ICE (InterCity Express), elles ont été élargies pour
s’accommoder à l’écartement des voies du réseau ferré
russe et, de ce fait, arborent un intérieur plus spacieux et
des sièges adaptés à ces dimensions. Les trains sont équipés
d’un espace « vestiaire » qui permet d’accrocher son
manteau et une machine à polir les chaussures est à la disposition
des voyageurs. Au plafond, des écrans diffusent
régulièrement des informations sur le voyage, des films
et des documentaires que l’on peut visionner, munis
d’écouteurs.
Les agents à bord des rames Sapsan pratiquent l’anglais et
sont formés au secourisme. Sept classes de service sont
proposées, parmi lesquelles : First, Business, Economy+,
Economy et Basic. Selon la formule choisie, les voyageurs
bénéficient d’avantages tels que repas et boissons, magazines
et journaux, accès au système d’information ou de
divertissement. En première classe, une cabine privée pour
quatre personnes permet de tenir des réunions d’affaires.
Une nouvelle ligne dédiée au seul usage de la grande vitesse pourrait voir le jour entre Saint-Pétersbourg et Moscou, réduisant le temps de trajet à deux heures. En 2015, un programme de développement de la grande vitesse ferroviaire a été officiellement validé par les autorités en charge des chemins de fer. Quelque vingt projets ont été proposés, pour constituer un réseau d’environ 7 000 kilomètres. En dehors de l’axe Saint- Pétersbourg-Moscou, la priorité est donnée à la mise en place d’un corridor eurasiatique dont la ligne Moscou-Nijni Novgorod sera le premier segment.
Moscou est la ville de la démesure. Il suffit de se rendre sur la mythique et immense place Rouge, d’emprunter les larges avenues bordées de gigantesques immeubles staliniens ou encore de descendre les escalators vertigineux du métro aux décors sublimes pour s’en convaincre. La capitale russe préserve son coeur historique au bord d’un méandre de la Moskva. Le Kremlin et son enceinte ponctuée de vingt tours définissent le centre spirituel de la capitale, dont la cathédrale Basile-le-Bienheureux aux bulbes colorés constitue le joyau. Dans la ville, animée le jour et passionnément noctambule, abondent les théâtres – dont le célèbre Bolchoï –, les salles de concerts et d’opéras, les boîtes de nuit et les bars branchés. L’été, la ville profite de ses grands espaces verts.
– gare de Léningrad, souvenir de l’ancien nom de Saint-Pétersbourg – accueille tous les trains arrivant de la ville des tsars. Elle cohabite avec ses deux consoeurs, Kazanski, aux allures de palais fortifié, et Yaroslavski. Bâtie en 1849, dans le même style que Moskovski à Saint-Pétersbourg, Leningradski est la plus ancienne gare de Moscou. Implantée en plein centre-ville, dans un quartier vivant hiver comme été, elle est très bien connectée aux autres transports publics et au métro.
→ Un Sapsan sur un quai de la gare de Léningrad à Moscou.
Le train est le mode de transport préféré des Russes. La ligne Saint- Pétersbourg-Moscou permet depuis une décennie des déplacements rapides entre les deux plus grandes villes du pays, qui comptent respectivement 5,3 et 15 millions d’habitants. La distance qui les sépare et le tracé direct de la ligne en font un axe idéal pour la grande vitesse. Les Moscovites et les Pétersbourgeois forment l’essentiel des voyageurs – plus de 85 % –, peu de villes étant desservies sur la ligne. Au vu de l’importance économique de Moscou et Saint-Pétersbourg, la majeure partie des passagers en semaine voyagent pour raisons professionnelles. Durant le week-end et les vacances, touristes russes et étrangers sont plus nombreux.
Grâce à la grande vitesse, les relations entre institutions scientifiques, éducatives et culturelles se sont développées entre les deux villes. Le Sapsan satisfait donc les voyageurs désireux de faire des allers et retours rapides entre les capitales mais délaisse les petites gares autrefois desservies par les omnibus. La mise en service du train rapide régional Lastochka, « hirondelle » en russe, conçu par Siemens Desiro en partenariat avec les chemins de fer russes, a remédié à cet état de fait, en marquant davantage d’arrêts intermédiaires en gare pour la population rurale.
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